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mercredi 22 août 2007

Bruno Metsu : Pourquoi les 'Lions' peinent à se retrouver

Le football sénégalais a de beaux jours devant lui. L'affirmation est de l'ancien sélectionneur national, Bruno Metsu qui a mené le Sénégal, pour une première fois, en finale de coupe d'Afrique des nations et en quart de finale de la Coupe du monde en 2002. Une époque qui laisse encore de très beaux souvenirs dans la mémoire du technicien français. Dans l'entretien qu'il nous a accordé hier, en marge des matches de play off du championnat national de football qui se déroulaient au stade Demba Diop, l'ancien sélectionneur des ‘Lion' qui n'exclut pas de revenir travailler avec le Sénégal, soutient qu'on a mis trop de jeunes en même temps dans l'équipe nationale. Ce qui explique, souligne-t-il, la contre performance constatée depuis quelques années chez les ‘Lions'. Entretien…


Wal Fadjri : Comment appréciez-vous l'équipe nationale du Sénégal qui peine à se qualifier en Coupe d'Afrique des nations ?
Bruno Metsu : C'est trop dire que le Sénégal peine à se qualifier en Coupe d'Afrique. Parce que, malgré toutes les difficultés que rencontre l'équipe, elle continue à garder la première place de son groupe. Par conséquent, il y a encore de l'espoir pour se qualifier en Coupe d'Afrique. Il faut seulement noter qu'après les exploits réalisés en 2002, le Sénégal est, depuis lors, toujours attendu par toutes les équipes. De sorte qu'il n'a eu et ne peut avoir aucun match facile devant lui.

Wal Fadjri : Et quelle lecture faites-vous de ce football sénégalais ?
Bruno Metsu : Une lecture très positive. Le Sénégal a un grand réservoir de footballeurs. Que ce soit dans le pays ou en Europe, notamment en France d'où arrivent beaucoup de jeunes joueurs d'origine sénégalaise, c'est de véritables joueurs de qualité que possède le Sénégal. Même si, actuellement, l'équipe nationale a des résultats moyens, le Sénégal a encore un avenir dans le football. Il y a présentement des jeunes joueurs qui tapent à la porte de l'équipe nationale avec insistance. Le jeune Batéfimbi Gomis de Saint-Etienne qui fait de très belles choses dans le championnat français, pourrait un jour faire de belles choses pour le Sénégal. Il faut toutefois une phase de transition à toute chose. En effet, il y a encore des joueurs de qualité parmi les anciens joueurs qui ont beaucoup donné pour le Sénégal en 2002. Il faut compter sur ces derniers pour aider les jeunes à trouver des repères dans l'équipe nationale qui est d'une dimension très différente de celle d'un club ou d'un championnat quelconque. Il y a vraiment un potentiel très intéressant pour l'avenir de football sénégalais. Le Sénégal a la chance d'avoir d'excellents joueurs. Il suffit juste de travailler sur le mécanisme du groupe pour avoir les résultats escomptés. Et il est possible d'avoir ces résultats avec Henry Kasperczak.

Wal Fadjri : Mais, il est constaté que ces jeunes tardent encore à prouver en sélection. Partagez-vous cet avis ?
Bruno Metsu : Pas forcément. Il faut encore de la patience. Parce que ces gosses sont encore très jeunes pour étaler tout leur talent en sélection. Il faut savoir que la sélection nationale est très différente des compétitions des championnats nationaux. Il y a des paliers à franchir pour jouer les matches internationaux. On ne peut pas, du jour au lendemain, s'affirmer en sélection. Comme on ne peut pas, du jour au lendemain, être docteur. Il faut d'abord aller à l'école, faire des examens. Ensuite, il faut faire un certain nombre d'années d'études en médecine pour finir par être un médecin, avant d'arriver à l'étape supérieure. Comme dans une école, les jeunes joueurs qui arrivent en sélection, doivent aussi franchir des étapes pour s'affirmer en sélection. Il y a tout un travail à faire derrière, pour aider les gosses à trouver des repères dans cette équipe nationale. Les matches internationaux sont très différents des matches nationaux. Jouer dans de très grands championnats européens ne veut pas dire jouer un match international qui est d'un niveau plus élevé. Un Sénégal - Nigeria ou un Sénégal - Egypte est encore plus costaud qu'un Sochaux - Le Mans ou un certain Marseille - Paris Saint-Germain. Il ne faut pas faire d'amalgame à cet effet. Les compétitions internationales sont de loin supérieures aux compétitions nationales. Par conséquent, il faut des paliers à franchir pour aider les jeunes à trouver leurs marques en sélection. Les anciens doivent être là pour les aider. Malheureusement, il y a une cassure entre ces derniers et les jeunes. Il y a trop de nouveaux jeunes et peu d'anciens. Je crois que c'est là où réside le problème de l'équipe nationale du Sénégal. Les anciens ont un rôle à jouer dans toute équipe de football pour assurer une certaine transition. On a trop mis de jeunes ensemble. Il faut un temps à toute chose. Mais, on semble trop impatient au Sénégal.

Wal Fadjri : Avec toutes les difficultés constatées dans cette équipe nationale qui peine à se qualifier en Coupe d'Afrique, est-il possible que le Sénégal joue, dans moins de six mois, les premiers rôles au Ghana ?

Bruno Metsu : Tout est possible. D'abord, il faut qu'ils (les ‘Lions') se qualifient pour la Can. Et j'ose affirmer que cela est possible. Avec un très grand entraîneur de la trempe d'Henry Kasperczak, il est tout à fait possible que le Sénégal joue les premiers rôles à la Coupe d'Afrique de Ghana 2008. Il y a de beaux jours qui arriveront encore pour le Sénégal.

Wal Fadjri : Sur quoi vous vous fondez pour faire une telle affirmation ?

Bruno Metsu : (Quelques secondes de réflexion). Au fait, je ne suis pas là pour juger le travail fourni par les uns et les autres. Il y a un coach, un encadrement technique et un président à qui il revient de le faire. C'est à ces derniers de dire ce qu'ils en pensent. Moi, je suis très mal placé pour me prononcer là-dessus. Je suis de très loin ce qui se fait dans le football sénégalais. Le dernier match que j'ai suivi (Sénégal - Togo en 2005) remonte de très loin. C'était un match déterminant pour la qualification. Malheureusement, ce match a laissé beaucoup de regrets et de cicatrices qui continuent à se faire ressentir. Après cet échec, le lendemain a été très douloureux pour le football sénégalais. C'est dommage. Maintenant, je crois qu'il faut chercher à panser ces plaies pour repartir de zéro. Il faut penser à l'avenir pour refaire le football sénégalais. Je pense que c'est ça qu'il y a de plus important et non de jeter des pierres sur qui que ce soit. Il faut travailler pour connaître de beaux jours comme en 2002.

Wal Fadjri : Bruno Metsu est-il disposé à revenir travailler avec le Sénégal pour l'aider à retrouver cette joie de vivre le football ?

Bruno Metsu : (Rires). Je ne sais pas. Peut-être bien. Dans la vie, seul le bon Dieu sait de quoi demain sera fait. J'ai un contrat qui me lie jusqu'en 2010 avec mon club. Tout reste possible dans la vie. C'est vrai que j'ai gardé des moments énormes avec le Sénégal qui reste un souvenir éternel pour moi. Par conséquent, rien n'est exclu. Tout reste possible. Au-delà des simples résultats de football, il y a des rapports humains très forts qui me lient encore au Sénégal. J'ai d'excellentes relations avec toutes les personnes avec qui j'ai travaillé dans ce pays pendant deux à trois ans. Je n'ose même pas en citer un de peur d'oublier certaines personnes. A l'époque, il y avait un réel esprit de camaraderie qui nous aidait à faire partout la différence. Il y avait la joie de vivre et de jouer dans l'équipe. Sur le terrain, c'est des joueurs qui laissaient éclater tout leur talent pour faire plaisir à tout un peuple. Aussi bien dans le terrain qu'en dehors, il y avait cette envie de gagner qui animait tous les pensionnaires de l'équipe nationale. On voyait toujours une équipe formidable qui se donnait à fond pour faire la différence. De sorte qu'en 2002, le Sénégal a fait rêver le monde entier. Aujourd'hui, j'entends encore parler du Sénégal quand je passe dans certains pays. Je viens du Vietnam où s'est tenue la dernière Coupe d'Asie des nations. On n'a pas cessé de m'interpeller pour me demander les nouvelles du Sénégal. L'équipe du Sénégal est restée, un tout petit peu, à l'image de celle du Brésil. Parce qu'en 2002, les ‘Lions' ont montré autre chose que ce que les gens avaient l'habitude de voir.

Wal Fadjri : Et quel était le secret de Bruno Metsu en 2002 ?

Bruno Metsu : (Rires). Je n'ai aucun secret. Le football, c'est comme une famille pour moi. Je travaille toujours dans cet état d'esprit de famille dans mon équipe. Que ce soit au Sénégal ou aux Emirats arabes unis où j'évolue ces dernières années, je travaille toujours dans cet esprit de famille pour parvenir aux résultats escomptés. Dans toute entreprise ou famille, la personne appelée à manager le reste du groupe est appelée à donner une très grande partie de sa personnalité pour façonner à sa manière le groupe. L'équipe du Sénégal de 2002 reflétait un peu ma personnalité. J'aimais bien vivre avec les joueurs. Il ne faut pas oublier que le football est tout d'abord un jeu. Par conséquent, avant toute chose, il faut qu'il y ait la joie de jouer. Et c'est cette joie de jouer qui a fait rêver tout le monde à l'époque. De sorte qu'aujourd'hui, les joueurs sont certainement nostalgiques de ces moments-là. Certes, il faut toujours mettre en rigueur la discipline. Mais, il faut savoir où la mettre. Pour moi, la discipline, c'est sur le terrain. En dehors du terrain, chacun est libre de vivre différemment. Parce que chacun a sa propre personnalité. Ce qui est important dans une vie de groupe, c'est de respecter toutes les personnalités. Le reste, c'est que le football reste un plaisir à partager avec tout un monde. Il n'y a aucun autre secret derrière.