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mardi 6 novembre 2007

MOUSTAPHA NIASSE SUR LE RETARD ÉCONOMIQUE ACCUSÉ PAR NOTRE PAYS:«C'est la formation des Sénégalais qui est à faire»

Dans la seconde partie de cette interview, Moustapha Niasse revient, entre autres sujets, sur le retard accusé par un pays comme le Sénégal comparé à la Tunisie। Il explique ce retard par un déficit en matière de formation.

Croyez-vous encore en des assises nationales alors que le régime en place n'en veut pas visiblement ?Les Assises nationales ont été proposées par l'opposition. C'est une idée généreuse. On devrait pouvoir aller aux assises nationales mais elles ne doivent pas être un cadre qui sera défini, occupé, mise en oeuvre et performé par l'opposition encore moins par les partis politiques. Les assises nationales, il doit en être fait une appropriation qui soit celle du peuple. L'opposition et les partis politiques doivent être une minorité parmi les composantes de cette assemblée. Une minorité par rapport à la société civile, aux travailleurs, aux paysans aux masses retraitées, aux chômeurs, aux jeunes, aux étudiants, aux femmes, aux milieux religieux, etc. C'est cette grande majorité du peuple sénégalais qui doit constituer ces assises. En ce moment, les assises ne seront pas l'affaire de partis politiques mais du peuple. J'ai toujours défendu cette conception. Si les assises nationales dépassent un cadre de parti aucun parti politique ne serait fondé pour refuser d'y participer. Il faut que cela soit l'affaire du peuple. Je vous demande d'éviter de comprendre que ceci est un appel à Wade, je ne fais aucun appel à Wade. Ni au nom de l'Afp ni en mon nom. Et si Wade faisait appel à moi aujourd'hui dans les conditions actuelles, je refuserais de répondre à son appel. C'est clair ! Il faut qu'on s'élève tous et que ces assises nationales s'organisent sans conditions préalables. Si on est tous d'accord sur la situation dans laquelle se trouve le Sénégal et qui explique d'ailleurs son réveil avec sa dernière sortie pour s'adresser à la nation en reconnaissant que les Sénégalais vivent dans des conditions insupportables en ce moment. Les assises nationales n'ont pas besoin d’être précédées de conditions parce c'est le peuple entier qui se lève et le peuple ne peut pas se poser à lui-même des conditions pour la tenue de concertations qui va dépasser les intérêts partisans. Il faut dépasser cela. J'ai une vision qui est très profondément basée sur des valeurs solides qui ont toujours fait la force du peuple sénégalais. L'idée a été présentée de manière tellement approximative que le pouvoir a peur de ces assises nationales comme s'il devait s'agir d'assises pour faire le bilan du gouvernement et prendre des sanctions à son encontre. Il faut s'élever sur les hauteurs, rester grand et aller avec grandeur vers la solution des problèmes du Sénégal. Vous aviez prédit ce qui se passe aujourd'hui en disant ici à la même période que les caisses de l'Etat sont vides...Oui, je vous l'avais dit. On ne peut pas diriger un pays par la fiction. Fiction, dites-vous ?Vous savez, est fiction toute proposition dont l'auteur qui la formule est plus convaincu que quiconque que cette promesse ne va pas se réaliser. Je ne veux pas revenir sur les détails parce que cela ne sert à rien. J'aimerais m'élever sur les hauteurs. On s'attendait certes à cette situation mais si rien n'est fait, elle sera plus difficile dans un an parce que le Sénégal sera dans une situation de banqueroute totale. Cette banqueroute n'est pas seulement une notion financière, c'est aussi une notion morale. Et le Sénégal sera bloqué. Je le répète, il faudrait que nous cessions de nous bercer d'illusions. Nous devons nous dire encore une fois que toute journée qui est perdue, est perdue pour toujours. Mais, il est encore temps de redresser les choses. Evidemment, quand tu dis ça, certains vous diront au Sénégal : " il pense à entrer dans un gouvernement". Je le dis, moi je ne veux entrer dans aucun gouvernement. Par ailleurs, je ne veux envoyer aucun des membres de mon parti dans aucun gouvernement.Il y a des moyens de régler ces genres de situation. Le genre de crise que nous traversons aujourd'hui s'est produit ailleurs et il a été réglé. Ce n'est pas à travers des nominations d'un ou d'une telle à un poste de ministre ou de chargé de tel que nous allons régler les problèmes du Sénégal. Il faut s'oublier. Le Sénégalais doit comprendre que celui qui a une expérience, un savoir-faire, une expérience politique, économique, pratique ou autre, qu'il doit aider le Sénégal. Si nous sommes capables de nous oublier, d'oublier les conditions matérielles dans lesquelles certains souhaiteraient vivre, et d'oublier qu'il faut se faire une carrière en étant sous l'ombre d'un autre, nous serons capables d'aider notre pays. Il faut également que les tenants du pouvoir n'aient pas peur comme disait Jean Paul II : "N'ayez pas peur". Il ne faut pas qu'ils aient peur. D'une manière ou d'une autre ils seront remplacés un jour par nous ou par d’autres, c'est Dieu qui décidera. Ceux-là, s'ils sont des citoyens sénégalais, des patriotes sérieux, ils ne prendront pas le pouvoir par la voie des urnes pour organiser des procès comme à Prague, au temps du pire communisme. Justement, n'est-ce pas là une raison de crispation dans l'éventualité d'une nouvelle alternance ?Vous savez, le délinquant a toujours peur du gendarme de telle sorte que quand il voit la couleur de ce dernier, il a tendance à courir. Le délinquant a toujours peur. Mais si le délinquant a peur, c'est son affaire pas celle du gendarme. Je suis une autorité morale comme beaucoup de Sénégalais. Je n'ai aucune raison d'avoir de la rancune contre qui que ce soit. Combien de gens ont quitté l'Afp pendant deux ou trois ans et qui sont revenus ? Nous les avons accueilli les bras ouverts. Je ne connais pas la rancune, d'abord parce que je suis un croyant, je suis un Imam, et un talibé (ndlr discipline) de Cheikh Ahmeth Tidiane Chérif. Ce serait la même chose si j'étais mouride ou Khadre. Je ne menacerai personne. Je ne poursuivrai personne. Ce sera entre eux et l'Etat et non entre eux et moi. C'est dire que je ne connais pas la rancune et ceux qui me connaissent bien peuvent en témoigner. Certains m'ont trahi, d'autres m'ont attaqué, certains m'ont vilipendé et je les rencontre. Il y en a des dizaines et je les reçois à nouveau chez moi. Nous sommes en Tunisie, un pays qui a de bons chiffres de développement. Et pourtant nous sommes partis en même temps. Qu'est-ce qui a freiné le Sénégal ?La Tunisie et le Sénégal avaient au niveau de chacun des deux pays des populations de six millions d'habitants. Nous avions le même niveau de développement d'après les statistiques de la Banque Mondiale. La Tunisie depuis l'époque de Bourguiba a beaucoup investi dans une éducation et une formation de qualité. Essentiellement fondées sur deux plans : les humanités pour connaître l'histoire du monde et son évolution et les disciplines scientifiques pour entrer dans la société du savoir. Celle de la modernité. Le miracle tunisien provient en ce que les Tunisiens ont été formés aux sciences modernes, aux disciplines de technologie allant vers l'avenir sans perdre leurs racines à partir d'une formation de base qui leur a permis de savoir ce que Jugurtha avait fait, ce que Hannibal avait fait. Aujourd'hui le Sénégal devrait reprendre la tension morale que Senghor avait créée, qu’Abdou Diouf a essayé de maintenir mais qui a été abandonné. Puisqu'on casse de l'étudiant, de l'élève, du professeur, du syndicat, les Sénégalais ne sont plus dans les conditions qu'il faut pour entrer dans la société du savoir. La Tunisie forme chaque année cent mille ingénieurs informaticiens et ce sont de jeunes Tunisiens qui font la comptabilité des sociétés américaines en Californie. Pendant qu'il fait jour ici, les Américains dorment et quand ils se réveillent, les jeunes Tunisiens et les jeunes Indiens ont déjà traité la comptabilité des sociétés de Californie sans avoir besoin de bouger ni de Tunis ni de New Dehli. Pourquoi n'irait-on pas vers cette direction ? On s'accroche au numérique mais c'est théorique, c'est la formation des Sénégalais qui est à faire. Les Tunisiens ont eu l'intelligence d'aider les classes moyennes à entrer dans l'économie moderne. Les classes moyennes tunisiennes ont pris en charge le développement encadré par les élites et soutenu par les pouvoirs publics. Voilà pourquoi la Tunisie d’aujourd'hui est un pays qui a réussi et qui est entrée dans l'émergence économique et qui est un pays moderne. Regardez la ville de Tunis. Vous allez à Nabeul, Monastir, Sousse, vous trouverez le même niveau de développement parce qu'il y a une démocratisation de la politique d'aménagement du territoire qui met les régions sur un même niveau d'égalité. Il faut qu'on le fasse au Sénégal : une vraie politique d'aménagement du territoire.

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