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mardi 6 mars 2007

Un homme qui aime son peuple !

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Le leader de l’AFP engage l’ultime campagne électorale de sa carrière politique. Il y va avec un réel enthousiasme et sans appréhension. Dans l’entretien qui suit, il dévoile ses résolutions de présidentiable. Un mandat, rien de plus, annonce-t-il pour lancer la campagne électorale qui démarre ce 3 février.
NOUVEL HORIZON : A un mois du scrutin présidentiel, comment se sent le candidat Moustapha Niasse ?
Moustapha Niasse : Je suis prêt et je suis serein. Je suis prêt, avec l’équipe qui est autour de moi, à me battre, pour la sauvegarde de la démocratie dans notre pays, pour le maintien de la dignité du peuple sénégalais, pour la liberté, pour la justice, pour la grandeur et pour la prospérité d’un Sénégal nouveau qui sera dirigé autrement. Je suis serein parce que préparé à assumer, dès que le peuple souverain le décidera et avec l’appui de Dieu, les charges les plus exaltantes au sommet de l’Etat.



Le candidat Moustapha Niasse a-t-il une motivation particulière pour ce scrutin ?
Oui, car, plus que jamais, notre pays a besoin de changement. Le Sénégal est aux prises avec une tension politique malsaine, qui affecte nos capacités vers un développement national, pour assurer le bien commun. Cela ne peut plus durer parce que nous avons atteint le fond.



Que faire ?

Un autre Sénégal est possible. Un avenir meilleur est à portée de main. Pour y parvenir, il faut rompre avec le mode de gouvernance actuel qui a détruit les mentalités positives et créé un flou inqualifiable à la tête de l’Etat.

Le Sénégal a besoin des dynamiques nouvelles centrées sur les compétences, l’expérience, le savoir-faire et la citoyenneté.



L’AFP a connu ces dernières années de grandes saignées. Votre parti n’est-il pas plus faible aujourd’hui qu’en 2000 ? Que vaut-il ?
Notre parti est une formation politique qui porte les vertus et, aussi, les travers de sa jeunesse : dynamisme, ouverture, spontanéité dans les initiatives et dans les actes posés, sincérité du dépassement de soi, vivacité, ambitions naturelles.

Il aurait été déraisonnable d’espérer que l’AFP, après près de huit années de fonctionnement, ne connaisse pas de départs, dus parfois à de nombreuses causes. Il s’y ajoute les effets du marché de la transhumance, ouvert et entretenu par le parti au pouvoir.

Je dois préciser que les nouvelles adhésions dépassent de loin les départs enregistrés. L’AFP ne s’est pas laissé déstabiliser, bien au contraire.

Savez-vous que notre parti compte plus de 400 cadres de haut niveau, à la compétence avérée et variée ? Et puis, il faut toujours dépasser la simple arithmétique. Un parti vit de l’intelligence, de la sagesse et de l’efficacité de ses militants et de ses dirigeants, davantage que dans le tourbillon et les cliquetis de ces rassemblements financés à coup de millions, avec à l’appui, transports et restaurations payés à des foules qui sont les mêmes, d’une région à l’autre, pour applaudir le Chef. Sans plus.

Ce qui importe, c’est la détermination et le patriotisme qui habitent les militants et les sympathisants de l’AFP, ces valeurs qui peuvent permettre de soulever des montagnes.



Vous allez aux élections en coalition et vous avez accepté de laisser à vos alliés des positions intéressantes sur les listes aux législatives. Comment les militants ont apprécié cette « générosité » ?

Nous avons voulu être justes avec nos alliés, en les associant à l’établissement de ces listes, en parfaite adéquation avec nos obligations morales et notre propre conscience. L’AFP conduit, au niveau des circonscriptions électorales, la plupart des listes et, sur la liste nationale, nous avons veillé, avec nos alliés, à ce qu’il n’y ait pas de frustrations. Les militants de l’AFP l’ont compris et accepté.



Autre remarque faite : Niasse a laissé à l’abandon son parti pour parcourir le monde au service de l’ONU. Comment avez-vous retrouvé l’AFP à la fin de la mission ?

Pendant ma mission dans le processus de paix dans les Grands Lacs et en République Démocratique du Congo, je n’ai laissé à l’abandon ni l’AFP ni le Sénégal. Je m’étais organisé pour faire accepter au Conseil de Sécurité de pouvoir continuer à diriger le parti, par des séjours fréquents au Sénégal et pour assumer mes charges de citoyen sénégalais, de père de famille et d’administrateur de sociétés.

Ainsi, l’AFP n’a jamais eu à souffrir de mes missions ponctuelles et alternatives en Afrique Centrale et Australe. Dans cette mission, mes absences n’ont pas constitué l’essentiel. En revanche, à la tête d’une équipe d’Experts de diverses nationalités, et pendant 18 mois, j’ai conduit au succès le processus de paix en RDC, par l’Accord global et inclusif de Pretoria, l’Acte final de Sun City, l’élaboration, grâce à la compétence du Professeur El Hadj Mbodj, de la Constitution pour la période intérimaire, celle de la Constitution qui a conduit aux élections générales de 2006 et d’autres actes posés grâce à la bonne volonté du peuple congolais. Ce grand peuple congolais, aujourd’hui, a repris son destin en main, à la satisfaction générale de la communauté internationale et des amis du Congo.

Evidemment, tous ces évènements ont été suivis par l’opinion publique nationale et internationale grâce à des médias étrangers, la télévision sénégalaise ayant toujours adopté une attitude d’ignorance totale de ce qui a été fait, pour des raisons purement politiques, sous la pression du pouvoir en place.

Notre pays, aujourd’hui, capitalise le travail qui a été fait dans les Grands Lacs par un citoyen sénégalais. D’autres Sénégalais continuent au service des idéaux de l’ONU, du PNUD, de l’OMS, de l’OMC, de l’Union Africaine comme de la CEDEAO, de travailler avec opiniâtreté. Ils servent ainsi la paix dans le monde. Mais le Sénégal en tire aussi profit.



Et si on vous reprochait d’avoir été transparent pendant tout le mandat de Wade pour se réveiller un trimestre avant l’échéance électorale?

Un homme d’Etat responsable ne peut être en campagne électorale de manière permanente. Je ne veux choquer personne en réaffirmant, encore une fois, que la politique ne me fait pas vivre. Je fais de la politique en posant des actes citoyens, en conduisant une vision, une manière de voir la situation, le présent et l’avenir de mon pays, pour contribuer à la direction des idées et apporter ma pierre à l’édifice national.

Sous ce regard, je peux rappeler que pendant 11 mois, j’ai été le premier Ministre du Gouvernement de Me Abdoulaye Wade. Les dérives que regrettent les Sénégalais ont commencé à survenir après mars 2001, c’est-à-dire après notre départ du Gouvernement. Ces dérives se sont poursuivies et aggravées pour aboutir à la situation que déplorent les Sénégalais.

Depuis que je suis retourné à l’opposition, l’AFP et moi-même n’avons jamais baissé la garde. Nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme sur l’état de délabrement du monde rural, sur le désespoir des jeunes, sur le dépérissement de l’outil industriel sénégalais, sur l’état désastreux des routes à l’intérieur du pays, sur la transformation de la ville de Dakar en un camp retranché de prétendus chantiers de travaux publics dont la lenteur d’exécution traduit simplement une volonté cosmétique de donner l’impression que le Gouvernement travaille. A présent, l’heure du verdict a sonné. Et avec elle, l’heure du changement. C’est le temps présidentiel. C’est le temps de la mobilisation.



Ne fallait-il pas adopter une posture d’opposant plus vigoureux sur le terrain ?


Dans la vie, tout être humain pense, réfléchit et agit avec un tempérament qui lui est propre, fruit et aboutissement d’un ensemble de facteurs psychologiques, intellectuels, environnementaux et sociaux.

Je me suis opposé avec force et vigueur à la politique d’Abdoulaye Wade. Mais je me suis toujours interdit toute attaque personnelle contre le président de la République ou contre sa famille. Je reste constant sur mes positions et sur celles du parti. Les actions que nous menons ensemble sont concertées dans un large esprit d’ouverture.

Au surplus, l’espace politique n’est pas, pour moi, une arène de gladiateurs où la seule issue est la mise à mort de l’adversaire. Je respecte la personne humaine, ce qui, parfois, peut être compris comme de la naïveté. Je ne changerai pas, à cet égard.



Pour la première fois, Moustapha Niasse a été arrêté par la police au cours d’une manifestation. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

Avec sérénité. A chaque fois que c’est nécessaire, nous sortirons pour manifester. C’est notre droit et nous n’entendons pas nous en priver. En posant des actes illégaux comme le report des législatives, le président Wade peut compter sur l’opposition au sein du cadre mis en place pour manifester notre désapprobation.



Vous allez aux scrutins avec une coalition autre que la CPA alors que cette coalition avait déjà adopté un programme. Sous quelle bannière et avec quel programme allez-vous à la rencontre des électeurs ?

La réponse est simple. Nous avons créé Alternative 2007 qui regroupe 10 partis politiques dont la plupart sont connus de l’opinion sénégalaise. C’est cette Coalition qui m’a désigné comme candidat à l’élection présidentielle de 2007. J’en suis fier et j’en remercie mes collègues chefs de parti. M. Amath Dansokho, Secrétaire Général du PIT, conduit la liste pour les élections législatives, suivi du Professeur Madior Diouf, de M. Madieyna Diouf, des autres candidats de l’AFP et de ceux des partis membres de la Coalition, dans un ordre concerté et établi d’un commun accord. Notre programme est d’abord celui que nous avions élaboré au sein de la CPA. Si cette dernière a changé de forme, les besoins des Sénégalais et les urgences du développement sont restés les mêmes.







En 2000, Niasse était le candidat de l’espoir. Et en 2007 ?

En 2007 comme c’était le cas en 2000, je reste incontestablement le candidat de l’espoir et notre slogan, de ce fait, est « l’expérience au pouvoir ». L’AFP a été et demeure un vecteur principal de la profonde aspiration des Sénégalais vers le changement. Nous nous identifions le mieux à cette volonté de retour, vécue par nous tous, vers les valeurs du mérite, de l’action, de la responsabilité, de la transparence, de la disponibilité et du progrès. Sans prétention, je réaffirme que nous incarnons l’espoir d’une politique revigorée, débarrassée des scories et des handicaps qui prévalent chez nos adversaires. Ces derniers n’ont ménagé aucune combine pour ternir l’image de l’AFP et celle de son Secrétaire Général, nous qui n’avons jamais émis le moindre mot malveillant contre ceux qui nous ont quitté, attirés par les sirènes de la transhumance et qui ont, pour la plupart, largement médiatisé leurs départs, avec des arguments fallacieux, largement relayés par leurs amis nouveaux et leurs supports médiatiques.

Si vous êtes toujours le candidat de l’espoir, est-ce à dire que l’alternance n’a pas répondu à vos attentes ? Qu’est-ce qui n’a pas été fait et qu’il faudrait réaliser ?

Le régime de Me Abdoulaye Wade n’a pas répondu aux attentes des Sénégalais. C’est une évidence. La jeunesse s’était mobilisée, avec un enthousiasme touchant, pour contribuer, massivement, à l’avènement de l’alternance, par notre victoire de mars 2000. Aujourd’hui, elle prend la direction de l’Espagne, dans des pirogues de fortune bravant l’océan parce qu’elle a perdu ses repères devant l’immensité du désespoir qui l’a envahie, lorsqu’elle a pris conscience que le régime sur lequel elle avait fondé tant d’espoir est aux antipodes des promesses qu’il avait faites au peuple.

La société sénégalaise est en train de se décomposer. Notre devoir est d’arrêter les dégâts qui sont déjà profonds. Et le régime qui succèdera à celui de Me Wade aura beaucoup de tâches à accomplir, une fois fait l’état des lieux et après des audits effectivement réalisés, sans haine, sans rancune, de manière classique et impersonnelle, dans une parfaite transparence et dans le total respect des droits des individus, tels qu’ils sont reconnus par la Constitution.

Le peuple sénégalais est capable d’assurer le redressement du pays, s’il est bien dirigé, non pas par un Roi et ses affidés, mais par une équipe d’hommes et de femmes capables de conduire un programme de réformes et les bases d’un nouveau partenariat avec toutes les couches de la population, dans les villes comme dans les campagnes. Nous devrons, dès lors, prêcher par l’exemple, moraliser la vie publique, lutter vigoureusement contre la corruption, gouverner le pays autrement, servir le peuple.





Avez-vous idée de l’image que vous projetez ? Un homme pas commode …Si Niasse est élu, a-t-il des comptes à régler ?

Je n’ai jamais eu, dans ma vie, des comptes à régler. Se trouvent, aujourd’hui, autour de moi, des amis et des collaborateurs avec qui je n’ai jamais eu de conflits personnels ou politiques. Il s’y ajoute, aussi, des amis qui m’avaient quitté, à la faveur d’évènements politiques. Lorsqu’ils sont revenus à moi, je les ai accueillis à bras ouverts et ils sont parfaitement à l’aise dans ce qu’ils font, chaque jour, dans l’accomplissement des missions que je leur confie. Dans la vie, il faut savoir pardonner, il faut savoir oublier, parce que tout homme peut être sujet à l’erreur.

Nelson Mandela, que je connais personnellement, et à l’installation duquel, à Pretoria, j’ai représenté mon ami Kofi Annan, après son élection à la présidence de la République d’Afrique du Sud, est un modèle pour moi. Il devrait l’être aussi pour des hommes d’Etat qui ont son âge ou qui n’en sont pas loin. Le président Mamadou Dia est de cette trempe du sage, engagé auprès du peuple, déterminé dans son combat pour les libertés et pétri de foi. Le président Léopold Sédar Senghor qui, après sa mort, demeure pour moi une référence et un ami est aussi de cette trempe.

Avec de telles références, l’on demeure soi-même, avec sa vérité.



Un gouvernement avec le Parti socialiste, est-ce envisageable ?

L’Etat de dégradation poussée dans lequel le régime de Me Abdoulaye Wade va laisser le Sénégal commande une réunion et une fédération de toutes les bonnes volontés prêtes à travailler au redressement de notre pays. Ce redressement devra commencer par la reconstruction de l’Etat, le rétablissement des libertés démocratiques, la remise des Sénégalais au travail sans contrainte ni violences mais avec fermeté.

Le parti socialiste aura bien sa place dans un gouvernement de reconstruction nationale, si nous remportons les élections à venir. Dans ce parti, où j’ai politiquement grandi, il existe des hommes et des femmes qui sont des patriotes et qui réunissent compétence et expérience.



La CPA a beaucoup insisté sur la nature du régime à installer si elle gagne. Le régime parlementaire tel que dessiné par la CPA vous convient-il si vous devez être élu président de la République ?

L’esquisse qui a conduit au schéma institutionnel adopté par la CPA est une œuvre commune à l’élaboration de laquelle l’AFP a pris une part active. Moi-même, en ma qualité de Juriste formé au Droit public, j’ai rédigé l’ossature des mécanismes qui portent, comme assise, le concept de régime parlementaire. Ce régime est à différencier, en Droit constitutionnel classique, avec le régime dit d’Assemblée ou le Parlement est au centre du pouvoir d’Etat.

Le régime parlementaire, au contraire, permet à l’Exécutif d’assumer la plénitude de ses prérogatives, sous le contrôle d’une Assemblée législative, qui vote les lois, la Justice, comme pouvoir judiciaire, ayant pour mission de dire le droit, de faire appliquer les lois et de protéger les libertés des citoyens, dans une communauté apaisée où la force du droit empêche tout droit à la force.

Et puis, il ne faut jamais oublier qu’il n’y a pas d’Etat sans peuple même si, dans l’histoire de l’humanité, des peuples errant se trouvent sans Etat.



Quel président voudriez-vous devenir ?

Un président de la République doit savoir se situer à la hauteur de ses responsabilités, c’est-à-dire se mettre à la hauteur de ses responsabilités devant l’histoire. Des bons et des mauvais Chefs d’Etat, il y en a eu à toutes les étapes de l’évolution du monde. Il existe des exemples encore aujourd’hui cités pour les actes de gloire posés, les progrès réalisés au service du peuple, les infrastructures construites, les élites formées, les gains accumulés dans l’espace de l’éthique et de la morale, etc. J’ai l’ambition de figurer parmi ces références, le reste étant entre les mains du Seigneur.

Je ne voudrais surtout pas être un président « ninki-nanka », sachant tout, n’écoutant jamais



Le débat sur l’âge du président a été soulevé assez régulièrement ces années. Pensez-vous qu’il faut, nécessairement, fixer un âge plafond dès lors qu’il y a un âge plancher pour se présenter à l’élection présidentielle ?

Il devrait être possible d’envisager que tous les Sénégalais qui dépassent 75 ans ne puissent pas prétendre à la charge de président de la République. A cet âge, même si l’on est crédité d’une sagesse et d’une expérience supposées effectives, l’on doit aspirer davantage à un repos mérité ou à des activités privées qui ne requièrent pas des ressources énergétiques pour l’individu. Je m’en arrête là pour que cette position ne puisse pas être considérée comme s’adressant à quelqu’un qui aurait dépassé ce niveau d’âge d’une dizaine d’années.

Nelson Mandela a donné un bon exemple, en décidant d’effectuer un mandat – et un seul – pour mettre sur les rails la nouvelle Afrique du Sud et laisser les rênes de l’Etat à une équipe de jeunes qui, pendant les cinq années de son mandat, avait, à ses côtés, été imprégné des profondeurs et de la complexité des dossiers de gestion d’un Etat.

Faire le mandat de trop, c’est le risque qu’il faut, dans tous les cas, éviter. Mais, pour cela, il faut savoir prendre de la hauteur et faire preuve de grandeur. J’en prendrai le moment venu. L’ambition que j’ai pour mon pays peut se réaliser largement en cinq ans.



L’argent a été au cœur du débat politique ces dernières années. Comment voyez-vous le traitement de toutes ces affaires d’argent qui ont émaillé les dernières années du régime Wade ?

Je l’ai dit : il faudra, au lendemain du 25 février 2007, engager des mesures rationnelles et déterminées pour lutter contre la corruption. Il faudra, évidemment, s’abstenir de tout objectif visant à régler des comptes. Comme la justice et la morale recommandent de gérer les deniers de l’Etat en toute transparence et avec une extrême rigueur, tout régime responsable et sérieux ne saurait encourager, sous quelque forme que ce soit, le développement d’une culture de l’impunité.



Si des changements dans la gouvernance doivent être faits, comment voyez-vous ces mues dans la gestion des affaires publiques ?

La transparence, l’honnêteté et l’esprit de responsabilité doivent refaire surface et redevenir les fondements des actes posés par l’Etat et ses dirigeants. L’Administration sénégalaise doit puiser ses ressources morales dans une telle option.



Le calendrier électoral a connu beaucoup de perturbations. Votre parti a dénoncé le report des législatives. Comment allez-vous faire face à ces valses sur les dates des élections ?

Vous dites bien valses. Depuis plus de deux années, le chef de l’Etat et son régime ont conduit unilatéralement le processus électoral, dans le seul but de se déclarer vainqueur, tout en sachant qu’ils sont en minorité sociologiquement et politiquement dans le pays. Du fait de la faiblesse de leur bilan et plus particulièrement des comportements et des dérives dont leur parcours est parsemé, au détriment du peuple.

Au moment où vous me posez cette question et pour la première fois, depuis l’indépendance du Sénégal, des élections législatives ont été reportées, deux fois de suite, sans arguments convaincants. Même le scrutin présidentiel est encore incertain, tant le flou artistique que déroule le régime permet toutes les conjectures et des motifs justifiés de méfiance. A ce propos, je dis de la manière la plus solennelle que je m’oppose, avec une extrême vigueur, à tout report du scrutin présidentiel du 25 février 2007.



En dépit de ces incertitudes que vous relevez, pensez-vous que le rendez-vous du 25 février sera apaisé et que l’on aura un scrutin transparent ?

Si les prévisions du régime en place se réalisent, ce scrutin sera marqué de violences et de perturbations. Ce régime voudra gagner aux élections alors qu’il se sait minoritaire. Il utilisera des subterfuges et des combines pendant le déroulement du scrutin. Il voudra falsifier les résultats. Il retardera les procédures de contrôle de la gestion du contentieux par des pressions auxquelles il a habitué les citoyens et les électeurs.

Et le peuple souverain ne l’acceptera pas. Nous ferons face avec vigueur.

Dans l’hypothèse où les élections se dérouleront normalement et dans le calme, le droit souverain du peuple de choisir ses dirigeants sera sauf. Dans ce cas, la passation de pouvoirs s’opérera conformément à la loi. Dans ces conditions, la démocratie sénégalaise sera sauvegardée. Laquelle des deux hypothèses sera-t-elle celle qui prévaudra ?


La CENA, l’organe chargé de la supervision vous paraît-elle en mesure de garantir un scrutin transparent ?

Dans le principe oui. Mais la CENA a beaucoup tardé à être installée. Ses moyens de fonctionnement n’ont été mis à disposition qu’avec un retard qui avait inquiété les acteurs politiques et les membres de la CENA eux-mêmes.

Dans l’exercice de ses attributions, la CENA s’est heurtée à des incompréhensions de la part des pouvoirs publics. Elle n’a pas été toujours associée à la prise des décisions fondamentales, notamment quand le président de la République lui-même a, les yeux fermés, signé un décret, le 8 décembre 2006, répartissant de manière inique et personnellement les 90 postes de députés entre les circonscriptions électorales, sans tenir nullement compte de la référence démographique. Malgré tout, j’estime que la CENA, si elle fait preuve de rigueur et si elle est intraitable sur les exigences de la loi, peut faire comprendre au régime de Me Abdoulaye Wade qu’il est inacceptable que le code électoral soit violé dans la gestion du processus électoral.

La balle est donc dans le camp de la CENA puisqu’est connue et reconnue la volonté du pouvoir de fausser les élections pour s’attribuer la victoire.



Comment voyez-vous le Sénégal en février 2012 à la veille de l’élection présidentielle ?

Si Dieu aide les Sénégalais à comprendre que la survivance, encore pour cinq années, du régime en place, va détruire, pour longtemps, le tissu social, les infrastructures industrielles, les ressources naturelles, halieutiques et minières, l’agriculture sénégalaise, dans cinq années une équipe crédible et compétente peut régler les problèmes que vivent les citoyens. Je peux, ici, affirmer que je ne m’engagerai que pour cinq années, un mandat. Pas plus.

Si les Sénégalais votent dans leur majorité pour mettre fin au régime actuel, le 25 février 2007, la reconstruction du pays commencera, au terme de la deuxième année, soit en 2009, à produire ses fruits. Après les réformes structurelles qui porteront sur les secteurs porteurs de l’économie nationale, après le retour en surface de la crédibilité internationale de notre pays, les bailleurs de fonds et les investisseurs afflueront vers Dakar puisqu’ils y trouveront leur compte, dans un échange fondé sur le respect mutuel et sur la conjugaison des intérêts réciproques.

La communauté internationale ou les bailleurs de fonds ne sont pas en mesure, à eux seuls, de développer notre pays à la place des Sénégalais. Mais le Sénégal a l’obligation de prendre, à temps, le train de la mondialisation pour s’inscrire dans la société de l’avenir, société du savoir, de l’éducation et de la formation, et intégrer, sciemment, les données nouvelles des progrès de la science en matière de développement.

Naturellement, cinq années ne suffiront pas. Mais, l’équipe qui prendrait la relève, en 2012, de celle du nouveau président élu, y compris ce président-là lui-même, cette nouvelle équipe donc devra pendant cinq années encore poursuivre l’œuvre commencée, après la phase de reconstruction d’un pays aujourd’hui presque totalement détruit.

Entretien dirigé par Momar Diongue, Mandiaye Thiobane et Babacar Dione