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mardi 10 octobre 2017

Réponse ouverte au Gouverneur de la BCEAO.


L’ardeur du débat autour de la monnaie coloniale prend des allures qui présagent la fin de cette malencontreuse aventure, qui demeure au cœur du combat de la souveraineté des peuples de la zone franc. La sortie de la plus haute autorité monétaire de la zone dans une interview accordée par Alain Foka, dans les locaux de l’institut, en est la plus parfaite illustration.
Monsieur le Gouverneur, je suis au regret de vous dire que vous vous trompez sur les questions économiques et ceci est la preuve que la dichotomie opérée dans notre espace entre le secteur monétaire et le secteur réel, n’est pas bénéfique à nos faibles économies de troc.
A l’entame de vos propos, vous affirmez vous attendre à des questions techniques, permettez-moi monsieur le gouverneur de vous rappeler que communiquer c’est rendre facile la compréhension et atteindre le maximum de sujets ; et justement dans votre zone la population ayant accédé à l’enseignement supérieur, pouvant appréhender des questions complexes, tourne autour de 16%. Entretenir les populations dans le flou avec des termes techniques lourds et vides de sens a été pendant des décennies la méthode de nos élites pour éloigner les citoyens des questions économico-politiques.
Monsieur le Gouverneur, vous saluez les « pères fondateurs » du franc CFA et leurs visions ; pour votre gouverne, les mécanismes de notre franc aberrant dérivent de la vision Nazi d’une rapine organisée dans les territoires occupés que nous devons au ministre allemand du IIIe Reich du nom d’Hermann Goring. Le Franc CFA, tel que nous le connaissons aujourd’hui est crée par le Général De Gaulle, président du gouvernement provisoire, son ministre des finances René Pleven et le ministre des colonies Jacques Soustelle ; cet instrument de domination naquit par le décret n° 45-0136 du 25 Décembre 1945. Il faut bien prendre en compte le contexte d’après guerre alliant pertes matérielles, ruines et extrême pauvreté comme l’a bien éclairé l’OCDE, qui précise qu’en 1945, les 10 pays de son étude, dont la France, cumulaient une dette de 116% du PIB, record jamais battu tout au long du siècle passé. Cette France, constitutionnellement inexistante (régime de Vichy) et économiquement pillée par le système ingénieux de Goring était en quête d’oxygène par l’instauration d’un système monétaire afin de mieux piller ses colonies et son adhésion aux accords de Breton Wood pour bénéficier des aides d’après guerre promises par les vainqueurs dans la reconstruction du vieux continent. Monsieur le Gouverneur, je vous conseille de lire l’ouvrage de René Sédillot intitulé le « Franc Enchainé » pour comprendre que la France a administré à ses colonies ce qu’elle a subit des Nazis. Ces pères fondateurs de ce franc ont placés nos pays dans une servitude monétaire et une dépendance politique pilotée depuis l’Elysée et bien entretenue par nos chefs d’Etats et votre institution qui n’a pas le mérite d’être appelé « banque centrale ».
Monsieur le Gouverneur, le principe de parité fixe avec une monnaie forte ne nous donne aucune marge de manœuvre pour faire face aux chocs extérieurs et il est de nature à plomber notre compétitivité et nous faire subir des dépréciations à chaque fois que la monnaie d’ancrage se déprécie. Cette parité fixe est bien connue selon les études de Barro et Gordon pour être nocive aux économies avec des mobilités excessives de capitaux. Une parité que vos services laissent au trésor français le soin de la défendre en épuisant vos réserves détenues dans ses écritures.
Monsieur le Gouverneur, votre combat effréné pour la stabilité des prix (article 8 du nouveau traité officieux) dans un espace en asphyxie avec des déficits de financements des gouvernements (article 36 de votre traité traître de 2010) et avec de forts besoins en croissance qui ne figure pas dans vos mandats, est de nature à entretenir et creuser le chômage. En effet, il est établi une corrélation entre le chômage et l’inflation depuis les travaux de Phillips basés sur une observation séculaire. En parlant d’inflation, savez-vous que même le FMI que vous adulez préconisait des taux supérieurs à 5% dans son rapport de 2005 pour les pays pauvres en quête de forte croissance. Dans notre zone, de grands économistes ont déterminé notre taux optimal et il se situe à 8% pour demeurer en cohérence avec les projets de développements identifiés par les autorités en charge du secteur réel.
Monsieur le Gouverneur, vous dites que cette monnaie nous appartient par appropriation, j’ai failli pleurer en vous entendant dire cette bêtise au vu des éléments historique et du fonctionnement des institutions du système. Permettez-moi de vous rappeler la deuxième dévaluation du franc CFA en 1994 qui n’a pas été une décision d’origine africaine, on décide que de ce qui nous appartient ! J’ai du mal à croire que cette monnaie nous appartient pour quatre raisons :
Elle est crée par décret par une autorité coloniale dans une logique de domination.
Elle est jusqu’à présent fabriquée et garantie par la France.
Elle nous oblige à des dépôts de devises au trésor à hauteur de la moitié de nos faibles exportations.
Elle donne droit à la présence de « Colons » dans tous les conseils d’administrations des banques centrales et dans les Conseils Nationaux de Crédit (CNC) avec des voix délibératives.
Enfin, monsieur le Gouverneur, vous évoquez dans la rubrique presque d’impossibilité la fabrication chez nous de la monnaie. Peut-être que je ne vous apprends rien en vous disant que les billets de banque sont fabriqués sur la base de coton et que la France fabricante de billets ne produit pas de coton. Je sais que je ne vous apprends pas que la zone UEMOA est grande productrice de Coton avec près de deux millions cinq cents mille tonnes pour l’exercice 2016 ; ce coton exporté à 97% tue à petit feu la filière et constitue de la valeur ajoutée et de la main d’œuvre exporté. La technologie de fabrication de billets n’est pas hors de notre portée, le Maroc, ancien membre de la zone franc, l’a mis en place depuis 1987 et aujourd’hui à Dar as Sikkah est fabriqué aussi bien des billets, mais aussi des documents sécurisés et vignettes. C’est stratégique de ne pas confier la fabrication de signes monétaires à des pays étrangers et cela sauvera la filière du Coton tout en créant des emplois ; cela vous permettra aussi d’assumer votre rôle d’institut d’émission implicitement cité dans les statuts de la Banque Centrale. Rien qu’entre 2004 et 2015, la BCEAO a dépensé 289.254.000.000 Franc CFA au titre de l’entretien de la circulation fiduciaire (achat de signes, assurances et transports), soit plus de quatre fois le montant prévu par le directeur général de la fabrication des billets de la Banque de France, Erick Lacourrège, pour le déménagement du deuxième site d’impression et de fabrication à Vic-le-Compte (Puy de Dôme) des billets en France.
Je m’en arrêterai là, monsieur le Gouverneur, évitant de parler du « clearing » ou comptes d’opérations par souci de préserver mon appareil cardiaque grandement endommagé par la posture des élites africaines qui rabaissent tout un continent en courbant l’échine devant leurs pairs occidentaux qui à l’instar de virus, vivent des ressources et opportunités du continent Africain. Monsieur le Gouverneur, vous semblez ne pas comprendre les enjeux autour de ce que nos états vous ont confiés et c’est ce qui me rend triste. Une réforme d’urgence est nécessaire sur les principes de fonctionnement de cette monnaie à court terme et un agenda sérieux pour une monnaie à nous dans un moyen terme. La monnaie est éminemment sérieuse pour être laissé entre des mains inexpertes, paresseuses ou irresponsables.
L’indépendance de l’institution (article 4 du traité traître) par rapport à ses propriétaires légitimes est une hérésie qui montre que les africains n’ont toujours pas cessé de copier/transposer des réalités et normes, qui ne correspondent pas à la structure de leurs économies et les objectifs de leurs politiques, par complexe ou sentiment d’infériorité.
La question du CFA s’inscrit dans tous les agendas des organisations et mouvements qui se préoccupent de la souveraineté de nos états, l’ignorer vous fera jouer les mauvais rôles dans ce combat qui aboutira sans l’ombre d’un doute au cours de ce siècle, eu égard aux faits stylisés et l’engagement citoyen généralisé autour de cette problématique. Les prochaines échéances présidentielles verront ce débat au cœur des enjeux et les politiques seront obligés d’y apporter des réponses idoines.
Recevez mes salutations les plus distinguées et mes prières dévouées afin que vous soyez à la hauteur des espérances de cette jeunesse engagée à délivrer nos états de cette « France-à-fric » coriace et savamment protégée par les deux préfets plénipotentiaires que sont Alassane Ouattara et Macky Sall.
Vive l’Afrique, le combat continu, Dafa Leeer !



M. Oumar DIAGNE
Expert financier/spécialiste finance islamique
PDG Zafir Consulting S.A- Membre de la FCAA
SG du Rassemblement pour la Vérité (RV)
Dakar- Sénégal